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Libération
Critique

Comme un ouragan Whisky, Indochine, vieille Américaine excentrique et Anglais volatil: le cocktail agité du premier roman de Florence Delaporte. Florence Delaporte. Je n'ai pas de château. Gallimard, 178 pp., 92 F.

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publié le 12 novembre 1998 à 16h24

Le premier roman de Florence Delaporte (née en 1959, biographe de

Soeur Sourire, voir Libération du 4 juillet 1996) raconte une déréliction, mais en fanfare. Anne-Lieve, 35 ans, se souvient qu'elle n'a plus rien. Un chapitre sur deux, elle bricole les peintures craquelées d'un appartement parisien, tout en arrosant de whisky ses regrets. Sinon, elle revient sur ses exploits, en majeure partie indochinois, dont les acolytes sont une Américaine irascible, Miss Cass, et un Anglais en apparence plus patient, Stephen. Le titre, Je n'ai pas de château, désigne l'ambition de l'offre et de la demande. Il est métaphorique.

Orpheline expulsée du château de son enfance, Anne-Lieve est surtout l'exilée d'un bonheur enfui. Stephen a trouvé la clé de son château fort intérieur et l'a épousée quand elle se trouvait désertée. Ensuite, il a changé, elle a dû faire ses valises, elle s'est frigorifiée, il n'est réapparu que pour disparaître. Ils s'étaient aimés à Phnom Penh, chacun d'entre eux travaillant pour l'ambassade de son pays. Décor exotique, odeurs familières: «De son col s'échappait un parfum de sous-bois assez vert mêlé à une peau très blanche sous la chemise dont le tissu se souvenait encore du fer. Je ne sentais que cela. Sa peau de buanderie haut de gamme dont la fenêtre ouvre sur des arbres.» Stephen, «ce parangon de vertu diplomatique» passionné d'art khmer, a été pris en sandwich entre les intérêts britanniques et cambodgiens. L'imbroglio politique, suivi d'un retour en Angle