«Sous la pendule extérieure de la gare Montparnasse», était-il
convenu: à 14 heures pile, en parka rouge vif, Antoine Bello est au rendez-vous, un exemplaire d'Eloge de la pièce manquante à la main. «Vous, vous n'avez pas votre journal!» Jouer le jeu jusqu'au bout, voilà qui plaît à ce fils d'un chef d'entreprise et d'une professeur de bridge, diplômé de HEC, 1,92 m, codirecteur à 27 ans d'une société spécialisée dans le compte rendu de réunions professionnelles (Hors Ligne, 40 employés, 23 millions de chiffre d'affaires).
D'où vous est venue l'idée d'écrire un livre sur le puzzle?
Je suis parti d'une idée très abstraite: j'avais envie de faire quelque chose de très éclaté dans la forme, et, quand on réfléchit sur l'éclatement, on pense évidemment au puzzle. Au début, je voulais partir d'une image, la scène finale d'une histoire, qui aurait été découpée en 40 ou 50 morceaux: à chaque chapitre aurait correspondu une partie de l'image et au bout, on aurait pu reconstituer l'histoire" mais c'était très artificiel, j'ai tout de suite senti que ça ne marcherait pas. Je me suis alors procuré aux Etats-Unis le seul livre qui cerne un peu sérieusement le puzzle: écrit par une collectionneuse, il contient notamment un bref historique qui fait état de deux pics dans l'engouement des Américains pour ce jeu, au début des années 30, au moment de la Grande Dépression, et à l'aube des années 60. Et puis j'ai découvert qu'un phénomène analogue s'était produit au début du siècle, soit, encore