Camille Laurens a l'avenir devant elle. C'est une romancière drôle,
qui joue des tours pendables à ses héros comme à ses lecteurs. Enigmes, filatures, gouffres et mises en abyme: cherchez le coupable. Ses personnages principaux, gens normaux, ont des histoires d'amour meurtrières. Elle plonge ses personnages secondaires dans des bains d'humour acide. Elle adore les jeux de mots. Elle a la manie des citations, sans prétention. Chez elle, le dentiste n'aime pas que le patient ramène sa fraise. C'est une drôle de paroissienne dans la chapelle des contemporains. On n'imagine pas à quel point.
A quoi ressemble l'Avenir que nous avons devant nous? Les chapitres vont d'«Oestrus» à «Zygote». Rien que de très logique. Camille Laurens écrit selon l'ordre alphabétique, et dans ce domaine, il n'y a pas trente-six manières de toucher au but. Elle a publié Index en 1991 (A-F), Romance en 1992 (G-K), les Travaux d'Hercule en 1994 (L-N). Petit aperçu de ses facéties: l'Avenir (O-Z) raconte le tournage d'un film baptisé Oz, de même que les Travaux d'Hercule parlent d'Hélène et de Laure Nemours. «GK 1991» est une immatriculation d'autotamponneuse dans Romance, et le matricule d'une prisonnière dans le roman suivant. Tous les livres de Camille Laurens sont liés les uns aux autres, y compris Philippe (1995), que nous mettrons cependant à part, car c'est le seul qui ne soit pas un roman. Ils sont liés, mais se lisent très bien séparément, ils sont bien sûr conçus pour ça, chaque partie de l'oeuvr