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Libération
Critique

James, argent secret. Première traduction de «la Tour d'ivoire», le dernier roman ­ inachevé ­ de Henry James. Ou comment une fiction sur l'appât du gain devint dans les faits une vraie histoire d'argent. Plus une réédition de «l'Age difficile». Henry James, La Tour d'ivoire, Traduit de l'anglais et préfacé par Jean Pavans. Payot, 282 pp., 125 F. L'Age difficile, Traduit par Michel Sager. 10/18, 446 pp., 55 F.

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publié le 19 novembre 1998 à 14h36

Jusqu'alors inédit en français, la Tour d'ivoire est le dernier

roman de Henry James. A tel point que l'écrivain né américain en 1843 et mort anglais ne l'a pas terminé. Sur les dix livres prévus pour constituer le volume, il n'en a achevé que trois quand il s'éteint le 28 février 1916. Mais il ne travaille plus au roman commencé en 1909 lors de ses derniers mois. Le déclenchement de la guerre de 14 semble l'avoir détourné de la Tour d'ivoire. Le livre traduit en français ne comprend que deux cents pages, qui ne sont pas définitivement revues par James, plus une soixantaine qui sont les notes prises par l'écrivain pour l'ensemble du roman. La Tour d'ivoire souffre d'autant plus de cet inachèvement qu'il y a un rythme dans l'écriture et la lecture de James, que ce n'est pas le même suivant la taille des oeuvres qu'il entreprend. Ce roman est fait pour que le lecteur se plonge dedans mais, faute de pages, on risque d'en ressortir trop vite sans avoir profité de tous les effets projetés par l'auteur.

La Tour d'ivoire n'en est pas moins un texte d'envergure. Gray Fielder, jeune Américain élevé en Europe, revient aux Etats-Unis pour assister à la mort d'un oncle avide de dollars et qui a choisi pour héritier son neveu, justement parce que celui-ci n'est pas intéressé par l'argent. Mais son entourage l'est. Une sorte de complot se met en place autour de lui pour tâcher de les épouser, lui et sa fortune. L'intrigue a ainsi à voir avec celle des Ailes de la colombe, où se marier ave