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Interview

Enfance d'Amérique latine: la faim de l'histoire.Auteurs phares de la littérature enfantine sud-américaine, invitées du Salon de Montreuil, la Brésilienne Ana Maria Machado et l'Argentine Graciela Montès sillonnent depuis des années leurs pays et racontent l'avidité de lecture des enfants, quelles que soient leurs conditions de vie.

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publié le 26 novembre 1998 à 15h10

La Brésilienne Ana Maria Machado et l'Argentine Graciela Montès ont

en commun d'être des auteurs de littérature enfantine extrêmement populaires dans toute l'Amérique latine et de passer leur vie à parcourir leur pays à la rencontre de leurs jeunes lecteurs. Elles ont le même âge (la cinquantaine) et ont chacune écrit plus de cent ouvrages, dont la très grande majorité est destinée aux enfants. Placé sous le signe de l'Amérique latine, le quatorzième Salon du livre de jeunesse à Montreuil les invite: une occasion de rencontrer ces figures de la littérature enfantine, dont l'oeuvre n'est quasiment pas traduite en français.

Y a-t-il une tradition du livre pour enfants dans votre pays?

Ana Maria Machado: Dans les années 20, chaque foyer lettré possédait des livres de Monteiro Lobato. Ce sont des histoires fantastiques, mais dont le lien avec l'actualité est transparent. Par exemple, dans la Clef de la taille, publié pendant la Seconde Guerre mondiale, des enfants qui veulent en finir avec toutes les guerres pénètrent dans une maison remplie de manettes. Ils tentent de couper celle alimentant la guerre, mais ils se trompent et appuient sur celle de la taille. Si bien que les adultes (y compris Hitler, qui est un personnage du livre) deviennent lilliputiens et perdent leur pouvoir. L'originalité de Labato est également dans son mode de diffusion. Il avait réussi à persuader toutes sortes de commerçants, des pharmaciens, des épiciers, de vendre ses livres. Avec l'argument que les pom