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Libération

Face aux piles. En v'là d'l'amour Paulo Coelho, Manuel du Guerrier de la Lumière, Traduit du portugais par Françoise Marchand-Sauvagnargues. Editions Anne Carrière, 156 pp., 65 F. Nicholas Evans, L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, traduit de l'anglais par Valérie Malfoy. Albin Michel, 410 pp., 130 F.

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publié le 26 novembre 1998 à 15h09

L'autre mardi, lorsque, vers la fin d'un bulletin d'infos sur LCI,

le benêt de service évoqua la vente aux enchères «du manuscrit de Rimbaud Une saison d'enfer» (1), j'ai pensé à Paulo Coelho. Car, en ce paysage acculturé, qui peut douter que l'auteur de l'universel Alchimiste n'ait toute sa place? Et je me suis enquis de son actualité. Ça tombait bien, il venait de pondre. Il s'agit bien de ce mot-là, car Paulo n'écrit pas: comme il le confiait au printemps dernier à un magazine (2), «ça sort tout seul». Restait à déterminer ce que c'est que «ça», qui s'intitule Manuel du Guerrier de la Lumière.

A vue de nez, «ça» fait peur. En forme de livre (quadrilatère rectangle), l'objet évoque davantage une boîte de chocolats. Affaire d'emballage, sans doute: sur le couvercle d'un bleu Mille et Une Nuits, des lettres dorées inscrivent en relief, à la mode anglo-saxonne, le titre dans une typo très moche et Plein De Majuscules Extravagantes. Pour renforcer cette impression d'exotisme kitch, une sorte de sabre oriental ­ un yatagan, ou cimeterre, semble-t-il ­ le souligne d'une bouffée d'Orient mystérieux. On songe brièvement au Livre vert du colonel Khadafi, jusqu'à l'exergue (une citation de l'Evangile de Luc) avant d'entrer dans la bouillie (3) syncrétique d'un «connais-toi toi-même» très new age et lancinant de grands mots (Ame, Toujours, Jamais, Etre, Destin, Energie, etc.) qui, dans leur bêlante litanie, ne signifient rien.

Ainsi se tournent ces pages injonctives, ainsi s'assènent le