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Critique

Roland Brasseur et Georges Perec Tu te souviens?

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Roland Brasseur a revu, enrichi, et corrigé, quand besoin était, les «je me souviens» de Perec.
publié le 26 novembre 1998 à 15h09

Souvenons-nous: il y a vingt ans, Georges Perec publia chez P.O.L., alors une collection de Hachette, Je me souviens, 480 souvenirs, qui commençaient tous par «je me souviens», et dont le dernier disait «à suivre». Il n’y eut pas de suite, Perec est mort en 1982. Ces souvenirs, qui concernaient les premières décennies de l’après-guerre, ont vieilli de vingt ans, ils évoquent, le plus souvent par simple énonciation, des faits infimes qui n’ont d’écho aujourd’hui que dans la mémoire de ses contemporains (Perec est né en 1936). Roland Brasseur a entrepris d’expliquer «à l’usage des générations oublieuses» les 480 «je me souviens» de Perec: Je me souviens de Je me souviens. Curiosité et érudition.

Bien sûr, tout le monde se rappelle le Carambar (jms 319), mais sait-on que celui de 1954 pesait 12 grammes contre 8 aujourd'hui. Chacun sait que la composition du Coca-Cola est un secret mieux gardé que le mystère de la transsubstantiation (jms 143), mais qui garde en mémoire qu'en février 1950 les députés communistes demandèrent l'interdiction de cette «drogue susceptible de provoquer la dépendance, faisant concurrence aux boissons produites en France et symbole du style de vie américain». Tout le monde a oublié Mijanou Bardot (jms 438), soeur cadette de Brigitte, qu'on n'a pas revue au cinéma depuis la Collectionneuse. Ou que «le bruit courut que Dalida était un agent du FLN» (jms 167), alors qu'en 1958, à Alger, elle fut élue marraine du 18e régiment de parachutistes.

Ainsi, 480 fois