Christian Delage est enseignant à l'Ecole polytechnique et à
l'université de Paris-VIII. Il a déjà publié, entre autres, la Vision nazie de l'histoire (éd. l'Age d'homme) et dirigé l'ouvrage collectif De l'histoire au cinéma (éd. Complexe). Vos relatez qu'en septembre1997 Vincent Guigueno tombe sur un trésor rare.
On savait qu'à Vevey, en Suisse, dans la maison où Chaplin a vécu jusqu'à sa mort, il y avait un énorme stock d'archives personnelles que Chaplin avait accumulées depuis la création en 1919 de sa compagnie «les Artistes associés». Mais, en partie parce que ses héritiers n'y tenaient pas, ces archives dormaient. David Robinson, le biographe de Chaplin, y avait eu accès, mais il les avait survolées. Kevin Brownlow, auteur de la série télé Chaplin inconnu, a dû y jeter un oeil aussi. Vincent Guigueno, qui est un collaborateur et un ami, avait besoin de photos des Temps modernes. Lors d'une conférence à la Vidéothèque de Paris, il fait état de ce besoin, et un type dans la salle lui dit: «Mais pourquoi vous ne vous adressez pas aux archives Chaplin?» Il est allé aux archives en question et il m'a téléphoné pour me dire: «Je crois qu'il y a un petit trésor qui nous tend les bras.»
Comment se présentent physiquement ces archives? Des boîtes, impeccablement rangées par une vieille dame anglaise qui a tout classé par films. Il y a beaucoup d'archives manuscrites, et notamment en ce qui concerne le Dictateur, le scénario et les dialogues, puisque c'était la première fois que