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Critique

Spécial Beaux Livres. Chambre noire. Un voyage initiatique qui révèle en 497 images comment l'invention de Daguerre a électrisé l'Afrique. Pascal Martin Saint Léon (sous la dir. de) Anthologie de la photographie africaine et de l'océan Indien, XIXe et XXe siècles. Editions Revue noire (distribution Hachette), 342 pp., 390 F (jusqu'au 31 déc.), puis 490 F.

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publié le 10 décembre 1998 à 19h14

«Sans photographie, à votre mort, vous êtes mort à tout jamais.

Personne ne se souviendra de vous. Personne ne vous connaîtra!» Empruntée à Joseph K. Davies, photographe de studio ghanéen, cette réflexion est comme le gri-gri de l'Anthologie de la photographie africaine et de l'océan Indien, un ouvrage initiatique qui révèle en 497 images combien l'invention de Daguerre a électrisé l'ensemble du continent africain dès la moitié du dix-neuvième siècle. Cette anthologie, déjà couronnée du prix Nadar, traduit l'intensité des courants photographiques quand l'Europe a longtemps cru que l'âme de l'Afrique se réincarnait en deux photographes maliens, Seydou Keïta et Malick Sidibé (1). Il y a mille façons de lire cette anthologie. Comme un éventail de destins singuliers ou d'instants attrapés au fil de l'histoire désormais internationale des images. Quelques flashes. Dès 1870, le médium ravit les professionnels par ses progrès rapides, notamment les photographes ambulants de la Sierra Leone. L'un d'eux, W.S. Johnston, probablement créole, finit par s'installer à Freetown et transmet son studio à ses fils. Au Togo, Alex A. Acolatse (1880-1975) réalise des cartes postales; à Saint-Louis du Sénégal, Meïssa Gaye (1892-1982) développe sa passion de photographe amateur avant d'être nommé, en 1939, «photographe au service de l'identité judiciaire». Au début du vingtième siècle, les photographes africains se lancent dans le portrait, rituel bourgeois qui se démocratise avec la nécessité de