La psychanalyse a été, depuis ses origines, fascinée par l'art. Mais
bien des questions ont accompagné sa tentative de constituer une Kunstdeutung, une «interprétation de l'art», aussi généralement acceptée que l'interprétation des rêves (Traumdeutung). Freud lui-même, à la fin de Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, n'écrivait-il pas que «l'essence de la fonction artistique nous reste, psychanalytiquement, inaccessible»? Il est clair, à l'inverse, que l'intérêt porté à telle oeuvre ou tradition esthétique dit beaucoup, aussi bien sur le patient, ses fantasmes et ses problèmes, que sur le psychanalyste, sa formation, sa démarche, tant clinique que théorique. C'est encore plus évident on le voit bien dans le Musée imaginaire de Carl Gustav Jung, ouvrage théorique et «beau livre» à la fois , quand la psychanalyse est d'inspiration jungienne, dans la mesure où, pour Jung, les manifestations de l'inconscient personnel, qui trouvent leurs référents dans les vicissitudes de l'existence de l'individu, se «doublent» des manifestations de l'inconscient collectif, indexé à l'histoire et à la culture de communautés plus étendues, voire de l'humanité entière, et dans lequel les archétypes, les possibilités de représentations typiques, renvoient à des symboles universels, des mythes ancestraux, des figures religieuses, et, justement, au patrimoine artistique.
C'est pourquoi Christian Gaillard, professeur à l'Ecole des beaux-arts et à l'institut C.-G.-Jung de Paris, peut montrer qu