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Libération
Critique

Ce que dit Dick

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Nouvelle traduction de quatre conférences du pape de la S.F., dont celle, mythique, de Metz.
publié le 17 décembre 1998 à 16h42

Quel que soit leur espace-temps, les êtres de la science-fiction parlent peu ou prou de l’homme et de ses tribulations inévitablement humaines, comme si, pour en libérer le sens, il fallait toujours arrimer la multiplication des mondes à la bonne vieille gravitation terrestre. Mais l’auteur ne peut pas, sans ruiner son entreprise, agir comme si l’univers où se meuvent ses personnages était celui, réel, où il écrit ses histoires. De créateur de mondes il passerait au statut de Créateur du monde, ce qui n’est jamais trop bon pour la santé mentale. Le voyage peut alors devenir sans retour et la création romanesque (quand elle n’est pas annihilée) se muer peu à peu en prophétie. Philip K. Dick (1928-1982) en est l’exemple parfait: il a consacré les dernières années de sa vie à la révélation obsessionnelle de la vérité cachée du monde, et au rôle central qu’il y occupe, lui personnellement, dans une sorte d’histoire parallèle de l’humanité. L’interconnexion du délire et de l’oeuvre est des plus fascinantes chez Dick, contraint à des efforts surhumains pour donner quelque cohérence à son incroyable bric-à-brac intellectuel. De cette production, clé interprétative de la vie et de l’oeuvre dickiennes, l’Eclat publie une anthologie de textes, dont Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres, le discours mythique prononcé à Metz par Philip K. Dick lors du Festival international de la science-fiction, le 24 septembre 1977. Ces quatre essais et conférences, no