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Libération

L'éternel marri.

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Réactions . A quoi sert Dostoïevski? Réponses de Nietzsche, Kafka et Nabokov.
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publié le 17 décembre 1998 à 16h40

Friedrich Nietzsche: «Le seul qui ait eu quelque chose à m'apprendre.»

Dans Crépuscule des idoles (traduit de l'allemand par Jean-Claude Hemery, Gallimard, Folio-Essais), Nietzsche écrit à propos des «criminels et ceux qui leur ressemblent»: «Pour le problème qui nous intéresse, le témoignage de Dostoïevski est d'un grand poids (Dostoïevski est, soit dit en passant, le seul psychologue qui ait eu quelque chose à m'apprendre. ­ Je le compte au nombre des plus belles aubaines de ma vie, plus encore que ma découverte de Stendhal). Cet homme profond, qui avait mille fois raison de tenir en piètre estime les superficiels Allemands, a longtemps vécu parmi les forçats de Sibérie ­ tous condamnés pour des crimes capitaux, et à qui tout retour dans la société était interdit -, et ils lui ont donné une impression toute différente de celle qu'il attendait lui-même: en gros, celle d'être taillé dans le bois le meilleur, le plus dur et le plus précieux qu'ait jamais produit le terroir russe.»

Franz Kafka: «Tu es un imbécile.»

Dans son Journal (traduit de l'allemand par Marthe Robert, Livre de poche-Biblio), Kafka écrit, en répondant à une remarque de son ami l'écrivain et critique Max Brod: «L'argument de Max contre Dostoïevski: il met en scène trop de malades mentaux. Absolument inexact. Ce ne sont pas des malades mentaux. L'indication de maladie n'est rien d'autre qu'un moyen de dépeindre les caractères et c'est, d'ailleurs, un moyen très délicat et très fécond. Il suffit, par exemple, de