Si l'on admet que le Dictionnaire historique de la langue française,
appelons-le le DHLF, vient de paraître en Livre de poche, il faut se résoudre à se coudre des poches de cinq ou six litres et capables de résister à une pression verticale de 3,7 kilos. Admettons. L'édition originale, lourde (plus de 5 kilos) et luxueuse, parue fin 1992, puis revue et corrigée deux ans plus tard, avait été saluée comme elle le mérite, par la critique certes, mais surtout par un succès commercial inespéré (150 000 exemplaires vendus à ce jour), malgré un prix élevé (890 francs en 1992). Un travail titanesque, commencé seul par Alain Rey, il y a une quinzaine d'années, qui rédigea l'exhaustivité de la lettre A, comme ça, pour voir. Le résultat est sans égal, épatant, indispensable et nouveau.
Alain Rey, aujourd'hui à la retraite active, alors directeur général des Editions Robert où il a toujours un bureau, n'en était pas à son coup d'essai, ce gars-là a la lexicographie dans le sang. Alain Rey a su parler avant de se tenir sur ses pattes arrière, il a passé le bac à 14 ans, sous l'Occupation, histoire de s'en débarrasser, puis un peu d'études d'anglais, un peu de sciences politiques (on peut l'entendre chaque matin sur France Inter faire le portrait d'un mot d'actualité et apporter la preuve qu'un scientifique n'a pas besoin de se cacher derrière des connaissances supposées objectives pour avoir un avis sur le monde, bref, qu'il n'a pas fait Sciences po pour rien). Au retour du service militai