Encore une fois, il est impossible de choisir entre les titres de
l'éditeur Harlin Quist. On saisit donc au hasard une histoire de chats verts comme des souris, qui se déroule à une époque sans date, quand le Père Noël était hors sujet parce qu'il n'existait pas encore. C'est une comptine rythmée, qui séduit autant les tout-petits qu'elle intrigue les huit, dix ans. Car cette histoire de chats qui mélangent «des peintures, afin de plaire aux gens» et qui passent du violet au tigré tant les goûts sont changeants en soulève bien d'autres: non seulement les chats verts sont anéantis, mais «les noirs chassaient les mauves qui repeignaient les bleus qui barbouillaient les fauves qui se teignaient entre eux». L'illustratrice Tina Mercié invente un univers à la fois féerique et effrayant: air absent des matous qui se retapent la façade du bout du pinceau. Les grands mots de racisme, conformisme, uniformité, extermination ne sont pas prononcés, on se contente éventuellement d'y penser.
Mais si le jeune lecteur déteste les chats, est issu d'une famille heureuse et s'ennuie mortellement en attendant que «quelque chose lui arrive», Pauvre Edmée est pour lui. Une mère très occupée avec son père, un père très occupé avec sa mère, des amis très occupés avec d'autres amis, des jardiniers très occupés à jardiner, quelques monstres enfermés dans une malle beaucoup trop discrets pour être effrayants, Edmée a énormément trop de minutes à elle. Les dessins de Victoria Chess sont facétieux et mon