C'est l'histoire d'une révolution sous les tropiques. La lettre
retrouvée à la Martinique date de janvier 1790. «Depuis que l'on connaît ici la Déclaration des droits de l'homme, il n'est pas un Blanc qui ne prétende participer aux grands bienfaits qu'elle nous promet mais il n'en est pas un qui ne frémisse à l'idée qu'un Nègre peut dire: Je suis homme aussi», écrit un commandant de Saint-Pierre qui prédit: «Cette déclaration sera certainement ce qu'il y aura de plus dangereux à promulguer dans ces pays.» De son point de vue, celui des maîtres, il ne se trompe pas. En 1794, les esclaves de La Caraïbe française sont affranchis.
A ceux que les célébrations de l'abolition de l'esclavage, au printemps dernier ont laissé sur leur faim, à ceux qui s'agacent de cette manie française de la commémoration consensuelle, le livre de Laurent Dubois offre l'occasion d'apprendre une histoire oubliée: la première abolition, en 1794, sous la Convention. Un épisode délaissé tant par les historiens de la Révolution française, qui s'en tiennent le plus souvent aux frontières hexagonales, que par ceux de l'abolition, qui préfèrent s'attacher à Victor Schoelcher, artisan de l'abolition de 1848, plus aimable que Robespierre. Pourtant, l'émancipation définitive des esclaves au XIXe siècle après le rétablissement de la traite par Bonaparte en 1802 est directement issue de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l'homme. Parti pris original, Laurent Dubois choisit de situer la r