Quand, en 1988, la Cabale, nouvelles perspectives est sortie en
anglais, elle a déclenché une polémique en Israël et aux Etats-Unis. En première ligne, des journalistes mais aussi des professeurs, qui, se considérant comme les héritiers intellectuels et spirituels de Gershom Scholem, accusaient l'auteur d'être un iconoclaste pervers. On a même parlé de parricide. Il est vrai que Moshe Idel, universitaire israélien, minait une partie du socle d'hypothèses et de conclusions sur lequel le savant judéo-allemand, pionnier du sionisme et des études sur la cabale, auteur de Sabbataï Zevi et des Grands Courants de la mystique juive, avait construit son oeuvre.
Idel ne tergiverse pas: dès les premières pages, il explique que, contrairement à une idée reçue, Scholem n'est pas le premier moderne à s'être intéressé à la mystique juive et à l'avoir considérée comme l'un des piliers de la religion de Moïse. Il rend hommage à Adolphe Frank, un Français du XIXe siècle qui a écrit que la cabale n'est pas seulement un important phénomène religieux du judaïsme mais «sa vie et son coeur».
Idel n'en reste pas là; il ajoute que les grands noms de la «science du judaïsme» (Wissenschaft des Judentums), ce courant rationaliste d'études modernes qui se développa en Allemagne et en Europe occidentale, eurent une «attitude beaucoup plus positive par rapport à la cabale qu'on pourrait le croire à partir de la façon dont Scholem les a présentés».
Enfin, et c'est le plus important, le professeur israélien fai