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Critique

Galien sur ordonnance.Traduction des «Traités philosophiques et logiques» d'un médecin grec dont l'influence fut dominante en Europe jusqu'au XVIIIe siècle. Galien, Traités philosophiques et logiques, Traduits du grec par Pierre Pellegrin, Catherine Dalimier et Jean-Pierre Levet. GF Flammarion, 304 pp., 56 F.

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publié le 31 décembre 1998 à 18h00

Aquilée, 168 après J.-C.: l'armée romaine est en déroute, assiégée

dans cette ville du nord-est de l'Italie par les «barbares» Marcomans. Les deux empereurs, le stoïcien Marc Aurèle et son ami Lucius Verus, sont pris dans cette nasse. Le retour à Rome se fait en catastrophe, la peste finissant de ravager les soldats ­ Lucius Verus lui-même va mourir en chemin, malgré l'assistance de Galien, présent dans cette équipée. A 39 ans, Galien jouit alors d'une double célébrité: comme médecin (1), mais aussi comme philosophe. En l'occurrence, ses cinq Traités philosophiques et logiques, traduits et présentés par Pierre Pellegrin, prouvent que leur auteur croyait lui-même à son adage selon lequel «le meilleur médecin est aussi philosophe».

Originaire de la ville méridionale de Pergame, Galien est un fils de famille aisée, qui reçoit d'emblée une solide formation en médecine et en philosophie (2). Poussé par l'ambition, il se fait connaître à Rome, fréquentant consuls et autres notables. Il publie aussitôt de nombreux traités médicaux et théoriques. Mais en 166, après quatre années de fastes romains, et pour d'obscures raisons (menaces de mort proférées par des collègues jaloux, difficultés avec la justice, ou autre chose dont on parlera plus bas), il retourne précipitamment à Pergame, ville natale où il s'adonne de nouveau à l'écriture, comme à l'exercice de son métier et à son enseignement. On vient le tirer de cette retraite pour assister l'expédition contre les Marcomans.

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