W.G. Sebald a publié deux autres ouvrages de récits et photographies
associés qu'il qualifie de «littéraires» pour les distinguer de ses recueils critiques qui sont, de leur côté, de moins en moins universitaires. Dans le premier, Vertige, paru en 1990, il retourne à Wertach, village de son enfance avant que la famille habite la petite ville proche de Sonthofen, toutes localités désignées par leurs initiales dans les Emigrants.
Le livre plus récent, l'Anneau de Saturne (bientôt traduit chez Actes Sud), voit le narrateur explorateur marcher le long de la côte est de l'Angleterre. Il y est question de Rembrandt et de Thomas Browne, de chômage et de prospérité perdue (leitmotiv de la décadence), des empires britannique et chinois, des bombardements. Il y a également le portrait d'un émigrant, le poète Michael Hamburger, son ami, qui a quitté Berlin à l'âge de 9 ans: «J'ai utilisé ses poèmes, dit W.G. Sebald, nos conversations, ce que sa femme m'avait raconté, j'ai aussi inventé des bouts de son histoire. Je lui ai demandé si je pouvais procéder de cette manière. Il a dit oui. Je crois qu'il est impossible d'écrire sur quelqu'un sans avoir son autorisation.»
Sur les quatre protagonistes des Emigrants, W.G. Sebald en a connu trois: il a été le locataire du docteur Selwyn, l'élève de Paul Bereyter, et le petit-neveu d'Ambros Adelwarth. Il a chaque fois changé les noms, de même qu'il a changé le nom des témoins, tel le psychiatre d'Ithaca, qui existe donc bel et bien. Max Ferber n'exi