les Emigrants est ce livre que Susan Sontag, ici même, à Noël il y a deux ans, présentait comme étant ce qu’elle avait lu de plus beau durant l’année écoulée (voir Libération du 26 décembre 1996). Il ne s’agit pas d’un roman, ni d’un essai, mais de récits ponctués de photographies et de fac-similés. D’abord en anglais, aujourd’hui en français, c’est le premier ouvrage traduit de W. G. Sebald, écrivain allemand, Winfried Georg Maximilian (Max) Sebald, né le 18 mai 1944 dans les Alpes bavaroises, professeur de littérature à l’université d’East Anglia, à Norwich, Grande-Bretagne, où il vit depuis 1970.
A quel moment le passé revient-il étouffer ceux qui en ont été dépossédés? Les Emigrants raconte quatre histoires d'exil, et trois d'entre elles se terminent par un suicide, ou une forme de suicide. Le vieux docteur Henry Selwyn avait 7 ans en 1899 quand il a quitté, avec sa famille, son village de Lithuanie. Ils ont été débarqués à Londres alors qu'ils «avaient acheté un passage pour l'Amerikum comme on l'appelait chez nous». L'enfant est un élève brillant, un modèle d'intégration. Il anglicise son nom d'Hersch Seweryn, épouse une héritière, dissimule ses origines, devient chirurgien. Pourquoi faut-il que l'identité reconstruite vole en éclats?
Il n'a pas été prévoyant, «this is why I am now almost a pauper», c'est pourquoi il est presque pauvre à présent. Il n'est plus tout à fait dans la réalité, ainsi qu'il le dit au narrateur, dont le monologue, au sein de chaque récit, est