Le premier et le dernier mot de sa philosophie est l'amour, dans son
rapport à l'être et au Temps l'amour comme pur mouvement oblatif, qui, réduisant désespérément à son minimum le poids de l'égoïsme, peut poser, sans rien attendre en retour, la préférabilité de l'Autre. Vladimir Jankélévitch (1) n'a eu de cesse, en effet, qu'il n'ait affirmé le primat absolu de la morale sur toute autre instance, fût-ce celle de la raison. Il n'a pas songé pour autant à intituler l'un de ses livres Philosophie morale, ce qui eût pu paraître par trop édifiant et, surtout, oublieux de l'«injuste disparité» dont se prévaut toute morale, à savoir que «le remords d'avoir mal fait est fondé», quand «le contentement d'avoir bien fait est une farce». On vient d'y penser pour lui. Sous ce titre paraît le recueil de ses principales oeuvres (2) de morale: le Pardon (1967), l'Aventure, l'Ennui et le sérieux (1963), le Pur et l'impur (1960), l'Austérité et la vie morale (1956), le Mal (1947), Du mensonge (1942-1945) et la Mauvaise Conscience (1933).
Il n'est pas besoin de souligner que l'intérêt d'un tel recueil dont on ne peut savoir s'il est le premier volume des oeuvres (3) est d'abord pratique: la Mauvaise Conscience, véritable source de toute la réflexion, l'Austérité et la vie morale ou le Pardon n'ont pas été réédités depuis plus de trente ans, et le Mal, ainsi que Du mensonge celui-ci composé à l'hôpital de Marmande, où, blessé, Jankélévitch se trouvait en juin-août 1940, celui-là issu d'