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Libération

Face aux piles. Mallet-Joris, sociale-chrétienne.Françoise Mallet-Joris, Sept Démons dans la ville, Plon. 407 pp., 135 F.

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publié le 14 janvier 1999 à 23h09

Enfant ­ ou adolescent, je ne sais plus ­, j'avais lu un livre de

Françoise Mallet-Joris; c'était Trois Ages de la nuit; des histoires de sorcellerie ­ chose la mieux partagée de la littérature, comme on sait. Puis je n'ai plus lu Mme Mallet-Joris, qui cependant s'installait durablement dans un paysage de prix littéraires, en même temps qu'elle asseyait à la table des Goncourt (dont elle vice-préside aujourd'hui l'académie) sa bonne réputation d'écrivaine méritante. Au 25e livre qu'elle signe, je retrouve Françoise Mallet-Joris dans une autre affaire démoniaque, où se mêlent son désir de rachat d'un monde qui certes ne se porte pas au mieux, et certaine récente et ténébreuse actualité d'outre-Quiévrain. Sans doute sa foi en Dieu et sa belgitude appelaient-elles Françoise Mallet-Joris à recycler, elle plus que d'autres et peut-être un peu moins salement, les dessous pourtant peu affriolants de ce qu'on appela génériquement «l'affaire Dutroux».

Sept Démons dans la ville (la référence est biblique) constituent sans conteste possible un roman, dont la grosse distribution et l'atmosphère pesamment provinciale font moins songer à Balzac qu'à Lelouch (Claude, le cinéaste). S'y rencontrent la grande et les petites histoires d'une nation et de nombreux citoyens franco-belges, également pris dans la tourmente «pédophile» et bientôt pédophilophobe. Sur plus de quatre cents pages, l'intrigue se démultiplie en autant de rejetons qu'elle comporte de protagonistes, dont les destins croisés