Louis Guilloux, mort en 1980, est un romancier d'autrefois. L'homme
est son sujet, et «notre lien au monde n'est rien sans notre lien aux êtres», ainsi qu'il est dit dans Labyrinthe, un des inédits (en volume) sortis de derrière les fagots à l'occasion du centenaire. Louis Guilloux est né à Saint-Brieuc le 15 janvier 1899 d'un cordonnier socialiste et d'une mère qui racontait bien.
Rien ne le dégoûte, pas même le dégoût. Labyrinthe démarre sur un corps à corps abject redouté par le narrateur, il se rappelle comment il a dû venir à bout du gros Léon, dit le Phoque. Au lecteur de plonger la tête la première dans le monologue afin de départager les combattants. Le gros Léon est gardien-chef, le narrateur veut les clefs. Le livre est l'histoire du prisonnier évadé, la nuit de Noël. Dans une poche, il a le revolver dérobé au gardien, comme un poids de honte dont il n'arrivera pas à se débarrasser. Dans l'autre, l'argent et le tabac remis par des fêtards bienveillants. Le fuyard n'est pas organisé, alors que, selon Guilloux voir ses Carnets de juillet 1951 , son héros devait «se conformer au modèle du genre, et obéir au plan depuis longtemps mûri, connaître son itinéraire, et le mot convenu qui le fera reconnaître des complices qui l'hébergeront chez eux pour la nuit, lui donneront de nouveaux habits». Le romancier franchit les étapes incontournables en s'y prenant différemment, de hasard en rencontre au coin du bois.
Le pendu qui fournit les souliers est le juge d'instruction au