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Libération

La démarche turque

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Orhan Pamuk est né en 1952 à Istanbul, là où le Bosphore sépare le monde en deux, entre Europe et Asie, mémoire et imagination, Coca-Cola et kokoretz. Rencontre avec un écrivain que le paradoxe stimule.
publié le 14 janvier 1999 à 23h09

Istanbul envoyé spécial

Après la Maison de silence, le Livre noir et le Château blanc, la Vie nouvelle est le quatrième roman d'Orhan Pamuk à paraître en français dans la collection «Du monde entier», chez Gallimard, le quatrième et le dernier traduit dans une langue d'écrivain par Munevver Andac: la vieille dame est morte au printemps 1998, après avoir écrit la dernière phrase du livre, mission accomplie: «Je compris qu'il s'agissait de la fin de ma vie. Et pourtant, je voulais rentrer à la maison, je ne voulais pas, mais alors pas du tout, passer à une vie nouvelle, je ne voulais pas mourir, moi"» Munevver Andac était très respectée en Turquie, elle avait été la femme de Nazim Hikmet jusqu'à son exil forcé à Moscou. Orhan Pamuk la pleure: «Je ne lis pas bien le français, mais j'ai pu comprendre à la finesse des questions qu'elle me posait sur mon texte turc qu'elle en était la traductrice idéale, passionnée, c'est elle qui a convaincu Gallimard de me publier.» Le premier livre a paru en 1988, quatre cents pages d'un inconnu, c'était son troisième roman. Aujourd'hui paraît à Istanbul le huitième, Benim adim Kirmizi (déjà 100 000 exemplaires vendus en moins d'un mois), que quelqu'un d'autre, bientôt, traduira par ces mots «Je m'appelle Rouge», en pensant à une vieille dame, morte octogénaire après avoir aimé le plus grand poète turc de ce siècle et vécu du bonheur des mots entre Istanbul, la France et la Pologne.

«Je m'appelle Rouge» raconte l'histoire de deux frères rivaux, n