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Libération
Critique

Ma soeur, mon capitaineLes souvenirs de Mika Etchebéhère, chef de brigade du POUM pendant la guerre d'Espagne. Mika Etchebéhère. Ma Guerre d'Espagne à moi. Babel «Révolutions», 380 pp, 57F.

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publié le 14 janvier 1999 à 23h10

Dans l'index biographique de sa remarquable Histoire de

l'Internationale communiste (1), Pierre Broué écrit au mot Etchebéhère: «Hipolito (1901-1936), né en Argentine de parents basques français. Membre du Pc, exclu en 1925. Il vient en Europe en 1930, écrit sur la montée du nazisme dans Masses et se lie au groupe Que faire? Il est en Espagne dès juillet 1936 et combat dans la colonne motorisée du POUM. Il est tué à Sigüenza en août.» Il n'y a rien sur Mika, sa femme, qui lui succéda à la tête de cette même colonne du POUM et écrivit un beau livre, Ma Guerre d'Espagne à moi.

Mika était une femme peu ordinaire. Avec son mari, elle a quitté l'Amérique du Sud et vu à Berlin une gauche ravagée par ses divisions laisser le terrain aux nazis. Dès que l'Espagne s'embrase, elle part à Madrid avec «Hippo». Ils rejoignent le Parti ouvrier d'unification marxiste, le POUM, une formation antistalinienne née de la fusion d'un groupe de communistes oppositionnels et de l'organisation trotskiste espagnole, dirigé par un Andres Nin en rupture avec Léon Trotski. Ils partent sur le front avec une bande d'hommes courageux qui veulent combattre le fascisme et défendre la révolution. Mika raconte tout cela et surtout ce qui se passe jour après jour sur le champ de bataille et dans la tête des combattants. Elle le fait avec un sens remarquable du détail et une subjectivité tranquille qui repose des grandes proclamations belliqueuses et vides. Elle décrit ainsi avec un amour palpable et désespéré l