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Libération
Critique

Machination Palliser

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Facture victorienne et personnages à la Dickens, l'infernale mécanique policière de l'Américain Charles Palliser nous entraîne dans les méandres d'une bibliothèque oxonienne.
publié le 14 janvier 1999 à 23h10

«Rarement livre aura de nos jours suscité la polémique au point où l'a fait l'Enigme de Thurchester lors de sa parution, voici trois ans.» Par cette petite phrase d'abord énigmatique, puis de plus en plus lourde de sens au regard du lecteur attentif au moindre détour du dernier roman de l'Américain Charles Palliser, s'ouvre la première parenthèse d'une histoire qui pourrait avoir été pensée par Raymond Roussel et écrite par Agatha Christie. Le prologue, signé Philip Barthram, nous confronte symboliquement aux «clefs» du mystère qui, durant presque quatre cents pages, va effectuer sa sinueuse et très attachante progression au coeur d'un labyrinthe piranésien. L'auteur du Quinquonce, superbe quoiqu'un peu languissant hommage au génie victorien de Wilkie Collins, nous précède, lanterne sourde à la main, dans le décor de la fiction, Thurchester, une cité médiévale du sud-ouest de l'Angleterre. La cathédrale et ses alentours immédiats, d'antiques maisons à pignons plongées dans une brume complice des méandres du récit, s'emparent du protagoniste principal de l'énigme, le Pr Courtine, un historien d'Oxford. Les raisons du séjour de ce célibataire maniaque à Thurchester sont doubles: il y est venu rendre visite à un ancien camarade d'université, Austin Fickling, lui aussi vieux garçon et enseignant. Mais, surtout, il entend sonder les rayons de la bibliothèque capitulaire pour découvrir un grimoire capable de lui donner enfin la solution d'une vieux problème concernant le roi Alfre