Qui avait compris, en 1949, que le Deuxième Sexe resterait le livre fondamental de l'histoire des femmes? Personne, et surtout pas Simone de Beauvoir. Ni ses détracteurs qui l'attaquaient férocement, ni les amis du camp Sartre qui soutenaient sa démarche philosophique, mais ne pensaient pas alors que le Deuxième Sexe inspirerait les femmes du monde entier. Aujourd'hui encore, un colloque international consacré au cinquantième anniversaire de l'ouvrage, va rassembler, à Paris, quelque cent trente universitaires de tous les pays (jusqu'à l'Iran, le Liban"), à l'initiative de la sociologue Christine Delphy et l'historienne Sylvie Chaperon.
Coalition des «antis». Le livre, donc, n'a pas vieilli. La phrase célèbre «On ne naît pas femme, on le devient» a inspiré les générations de femmes qui se battent pour l'égalité depuis les années 70, qui n'ont peut-être pas lu le Deuxième Sexe mais ont compris qu'il n'y a pas de destin biologique féminin. Que la femme n'a été jusque-là définie que par son rapport à l'autre, l'homme. Ce qui est maintenant évident fit l'effet d'une bombe en 1949, provoquant une polémique qui nous semble moyenâgeuse les Françaises n'avaient obtenu le droit de vote qu'en 1945. Face à ce livre qui démontait, très philosophiquement, l'oppression des femmes par les hommes, en partant, bien sûr, de la sexualité, une curieuse coalition de droite et de gauche s'acharna à démolir Beauvoir. Ainsi François Mauriac mène la croisade pour la moralité des éc