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Libération
Critique

Chiens écrasés. Du canidé mort d'une crise cardiaque au toutou de la boulangère qui finit en pâté en croûte, Stephen Dobyns raconte des histoires à hérisser les poils d'un chat. Stephen Dobyns: Un chien dans la soupe. Traduit de l'anglais par Philippe Rouard. Folio policier, 320 pp., 35 F.

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publié le 21 janvier 1999 à 23h15

La première fois que nous rencontrons Latchmer, il manque de se

casser la figure. Simplement en entrant dans l'immeuble d'une jeune femme chez qui il est invité dans le West End de Manhattan. «Au prix d'un admirable effort, il s'accrocha à la verticale et, au terme d'une série de voltes allant diminuendo, vint accoster en douceur près de l'ascenseur.» Car, si Latchmer n'est pas adroit, il sait tout de même se sortir des situations les plus déséquilibrées. Il aura besoin de cette qualité pour finir entier une nuit très agitée. Il n'a pas terminé son dîner chez la charmante Sarah, avec celle-ci et sa mère, qu'il se met à raconter une histoire atroce. Un petit garçon fait une blague à un teckel, et elle tourne très mal pour l'animal. Après ce récit effrayant, l'ambiance est d'autant plus malsaine que Jasper, le vieux chien rouge musclé de la maison, meurt d'une crise cardiaque. Est-ce une conséquence du conte? Ou des anchois dont s'est empiffré l'aimable canidé? Le débat n'est pas ouvert longtemps. La mère de Sarah blêmit et prie fermement son invité d'enterrer son défunt compagnon. Taraudé par la mauvaise conscience ou tout simplement parce qu'il a un bon fond, Latchmer obéit. Et il s'enfonce dans la nuit new-yorkaise avec le lourd cabot sans vie enfourné dans un grand sac plastique. Il prend un taxi conduit par un Haïtien qui déteste le vaudou. Celui-ci, prénommé Jean-Claude, le dissuade d'inhumer la bête et lui suggère d'en vendre plutôt la carcasse. Latchmer accepte. C'e