Si l'on additionne bien, dans une colonne où l'on a coutume
d'arithmétiser la production éditoriale, Renaud Camus nous a donné cet hiver les 39e et 40e items (1) de son oeuvre protéiforme, dynamique et insatiablement littéraire: avec Etc., intime «abécédaire», comme un mode d'emploi d'icelle et de lui-même; avec Graal-Plieux, huitième volume d'un journal entamé le «jeudi 3 octobre 1985, (à) 2 heures de l'après-midi», quand l'auteur revendiquait pour seule actualité «la sienne, celle de son désir, voire de son caprice» (2).
Huit ans après, Renaud Camus poursuivait la mise en oeuvre de son «actualité». Elle serait cette année-là presque ordinaire, n'était son obsession d'écriture, pour parvenir à rendre littéraires jusqu'à ses enculages (ou enculades) gersois(es) (dur, d'être gay (3) dans la province triste) et ses tourments quotidiennement financiers (dur, d'être écrivain aux marches de la Bigorre). On voudra bien lire là l'expression d'un compliment. Il n'est pas de luxe, tant Camus semble s'être attiré d'inimitiés (mais «tant pis», p. 152), à force d'exigences esthétiques et morales, en quoi les temps qu'on vit regardent volontiers les symptômes galopants de la pure paranoïa. (A ne pas confondre avec «" la paranoïa légère (qui) invite à envisager la possibilité, au moins, qu'on ennuie, qu'on dérange ["] Mais les gens n'ont plus aucune paranoïa. C'est ce qui les rend si sots, si mufles, si brutaux», p. 176.) Donc, à Plieux-de-Lomagne, notre héros a acquis une ruine («pauvre vi