Comme tous les mômes qui viennent de la rue, Emmett Grogan n'aime
pas le prêchi-prêcha. La dope, il en parle comme un camé qui a commencé à 13 ans, pas comme un flic des stups. La lutte des classes, comme un gosse de pauvres qui cambriole les riches, pas comme un professeur émérite au Collège de France. La violence, comme un type qui cogne et, parfois, tue, pas comme un politicard en campagne. Sa vie commence un 28 novembre 1944 dans un deux pièces de Brooklyn. Très vite, il ne cessera pas de la jouer, funambule à la recherche d'un impossible équilibre au-dessus des précipices. Jusqu'à la chute finale, un 1er avril 1978, à cause d'une overdose, dans un banal métro, au terminus de Coney Island. Six ans auparavant, il avait publié son autobiographie, parue en France en 1973 et que la Noire réédite, cette fois en traduction intégrale.
Grogan a 14 ans quand il fait son premier braquage et participe à l'assassinat d'un indic. La même année, parce qu'il a triché sur son âge, il se voit emprisonné dans un quartier de haute sécurité. La suivante, il est à la fois un bon basketteur, un brillant collégien chez les Jésuites et un audacieux monte-en-l'air qui baise ses copines de classe pour pouvoir s'introduire chez leurs riches parents. En quelques jours, il va réussir treize cambriolages. En toute impunité: les flics recherchent un professionnel et n'imaginent pas qu'un gosse puisse réaliser de tels coups. A cause d'un fourgue qui veut lui faire la peau, il s'enfuit en Europe avec en p