Onuma Nemon parle de ses milliers de pages inédites, de son frère
mort quand il était enfant, de l'écriture qui doit donner son nom à l'écrivain, du biographique qui est toujours insaisissable.
Ne pas publier «J'écris cette Cosmologie depuis plus de trente ans, soutenu par quelques amis. Je me sentais un peu comme dans un film de Woody Allen, le mec qui est persuadé qu'il a du talent mais qui attend toujours de le prouver. Je l'ai envoyé à plusieurs éditeurs, j'ai eu des lettres enthousiastes et circonstanciées de refus. Cette Cosmologie qui doit faire à peu près 22 000 pages est en cinq parties, deux ne comptent pas pour la publication en livres, il en reste trois, Ogr, Or et O. Chaque partie n'a rien à voir avec le tout et mêle dessins, écrits et poésie. J'ai commencé en 1966, je n'ai pas mis longtemps à comprendre que je ne m'étais laissé aucune chance pour la publication, même si quelques textes sont parus en revue: l'Infini, Perpendiculaire, le Polygraphe... Je connaissais les gens de Tristram et j'ai travaillé avec eux quand ils ont fait une édition d'Ezra Pound, que j'adore. C'est très différent d'être immergé dans l'écriture et d'essayer de faire connaître ce qu'on écrit. J'ai pensé réaliser moi-même un livre de ma Cosmologie et l'offrir à mille personnes qui puissent le transfigurer, comme un geste zen. J'aurais maîtrisé la conception du livre entièrement et je l'aurais donné à des amis proches, à des gens qui m'intéressent, qui jouent, en littérature ou ailleurs, des