L'Iguane est une ordure c'est rien de le dire qui est mort dans
la Grande Arnaque. Cet album est d'ailleurs sous-titré la Grande Arnaque 2. Dès la deuxième page, on peut donc se réjouir: «Te voilà enfin crevé, l'Iguane, sacré fils de pute.» Mais des doutes, tout de suite: «Attention! Tu es sûr qu'il est mort?» Et, après que le cadavre a pris un bon coup de pied supplémentaire: «Il n'était donc pas immortel"» «Et il n'était pas invulnérable aux balles.» Il semble pourtant que même la mort n'ait pas suffi à réduire à rien toute la méchanceté et la cruauté qui étaient en lui. C'est dans cette atmosphère épouvantable que baigne l'album en noir et blanc, chacun ayant un souvenir de l'Iguane à faire revivre, et tous sont spectaculaires. Témoignages recueillis par Susan Ling, «reporter vedet- te au "Morning News», qui veut faire un article sur l'Iguane pour gagner le prix Pulitzer: «Ce type était une diarrhée cosmique"», «On était paralysé par cette méchanceté pure!», «Son seul nom provoquait la terreur!» Face à lui, aucun passant n'était à l'abri, quel que fût son crime, ou son absence de crime. Sous son regard, un foetus devint aveugle. Son visage est aussi affreux que ses crimes. Aucun dessinateur de la presse pour enfants, même bourré de talent et d'imagination, ne sera capable de le rendre sympathique à quiconque.
Trillo et Mandrafina sont argentins. Ce monstre qu'est l'Iguane doit sans doute son existence au pays sous dictature militaire où ils vécurent. Mais l'album est