François Boucq aime les écrivains, Charyn et Jodorowsky en
particulier. Le grand prix d'Angoulême aime François Boucq, surtout l'an dernier. Le Trésor de l'ombre, nouvelle collaboration avec le Chilien mystico-érotique à tendance cirque, après la série Face de Lune, se compose de quarante-deux fables noires et métaphysiques. A gauche le texte, à droite le dessin. Toutes les possibilités de rapport entre les deux sont exploitées, du contrepoint à l'illustration classique, l'image prenant plus ou moins d'autonomie, d'ironie à l'égard de sa matrice écrite. Exemple: à la fable n° 37 (« Maître, je ne peux pas dire/ si ce verre est à moitié vide/ ou à moitié plein. Que faire? Brise-le!») correspond ainsi le dessin, animé d'un gros marteau, d'un bonze safrané se jetant dans un rade sur une série de verres à moitié pleins (ou vides), sous le regard médusé du cafetier et d'un pilier de zinc. Mention particulière aussi pour la fable n° 39: «Une femme coupée en deux, dont le torse souffrait/ de chagrins d'amour sans se rendre compte/ que le bas de son corps était violé par les clowns.»
Mais quand Boucq scénarise tout seul, d'une part il perd son prénom, devenant par-là plus satyrique, si l'on ose cette salade étymologico-orthographique, et d'autre part il crée (par exemple) le personnage fantaisiste de Jérôme Moucherot, «savoureusement surnommé le tigre du Bengale par sa femme», des aventures duquel le Péril pied-de-poule constitue le presque troisième volume. Pour ceux qui ne le conn