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Libération
Critique

Special B.D. Deux albums du grand prix d'Angoulême 98, l'un en solo, l'autre avec Jodorowsky. Entre délire et tradition. BOUCQ Le Péril pied-de-poule Casterman, 64 pp., 68F. François BOUCQ et Alexandro JODOROWSKy, Le Trésor de l'ombre, Les Humanoïdes associés, 88 pp., 98F.

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publié le 28 janvier 1999 à 23h21

François Boucq aime les écrivains, Charyn et Jodorowsky en

particulier. Le grand prix d'Angoulême aime François Boucq, surtout l'an dernier. Le Trésor de l'ombre, nouvelle collaboration avec le Chilien mystico-érotique à tendance cirque, après la série Face de Lune, se compose de quarante-deux fables noires et métaphysiques. A gauche le texte, à droite le dessin. Toutes les possibilités de rapport entre les deux sont exploitées, du contrepoint à l'illustration classique, l'image prenant plus ou moins d'autonomie, d'ironie à l'égard de sa matrice écrite. Exemple: à la fable n° 37 («­ Maître, je ne peux pas dire/ si ce verre est à moitié vide/ ou à moitié plein. Que faire? ­ Brise-le!») correspond ainsi le dessin, animé d'un gros marteau, d'un bonze safrané se jetant dans un rade sur une série de verres à moitié pleins (ou vides), sous le regard médusé du cafetier et d'un pilier de zinc. Mention particulière aussi pour la fable n° 39: «Une femme coupée en deux, dont le torse souffrait/ de chagrins d'amour sans se rendre compte/ que le bas de son corps était violé par les clowns.»

Mais quand Boucq scénarise tout seul, d'une part il perd son prénom, devenant par-là plus satyrique, si l'on ose cette salade étymologico-orthographique, et d'autre part il crée (par exemple) le personnage fantaisiste de Jérôme Moucherot, «savoureusement surnommé le tigre du Bengale par sa femme», des aventures duquel le Péril pied-de-poule constitue le presque troisième volume. Pour ceux qui ne le conn