A quoi tiennent les réputations, et comme les apparences sont
trompeuses! Celles de Régine Deforges, par exemple. Pour moi, qui n'en lus jamais une ligne avant de m'en appuyer d'un coup quatre cents pages, la dame reposait dans ces limbes somme toute bienveillants où se rangent, à force d'indulgente indifférence, des ouvrages n'ayant d'autre ambition que de faire du chiffre. Des littérateurs, à la réputation ni trop bonne ni trop mauvaise (1) pour qu'on prenne la peine d'aller la vérifier, les ont écrits. Livres sans écriture, littérature de passe comme il est des maisons, que rien ni personne ne contraint à visiter mais qui ont leur raison d'être et, avec leurs habitués, une fonction sociale.
Ainsi en va-t-il de cette saga entreprise voilà bientôt vingt ans avec la Bicyclette bleue et dont, quelques millions d'exemplaires plus tard, Cuba libre! constitue la septième époque. Son couple héroïque, Léa Delmas (comme Chaban) - François (comme Mauriac) Tavernier, y poursuit l'interprétation d'une histoire contemporaine dont, de la guerre d'Espagne à la décolonisation, Staline et de Gaulle auraient écrit la partition mythologique. Après la Libération, après la traque d'anciens nazis en Argentine, après l'Indochine, Cuba libre! (sous-titré 1955-1959) va donner à Léa l'occasion, en participant accessoirement au renversement du dictateur Batista, de retrouver son ex-amant Ernesto, et à François le baroudeur d'aller barbouzer à Alger sous le patronage de Foccart, sans toutefois tout à f