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Critique

Freud, cet inconscient

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Psychanalyse et philosophie auraient-elles des rapports inavouables? De Descartes à Heidegger, le philosophe Jean-Marie Vaysse exhume les origines métaphysiques de «l'inconscient» dont Freud «n'a rien su ou rien voulu savoir»
publié le 4 février 1999 à 23h32

Il y en a qui se perdent. Mais, de gifles, le «narcissisme

universel» et la mégalomanie humaine en ont quand même reçu quelques-unes. Trois. Trois vexations, dit Freud (1): cosmologique, biologique et psychologique. La première, c'est Copernic qui l'a infligée, en faisant de la demeure de l'homme, jadis centre immobile de l'univers, une petite Terre tournant comme tout le monde autour du Soleil. La deuxième, c'est à Darwin qu'on la doit, qui, lui ôtant toute ascendance divine, a mis l'homme à son rang dans l'ordre de la nature et la série des animaux. La troisième, qui a atteint encore plus douloureusement l'«amour-propre» de l'homme et la souveraineté qu'il s'attribuait, est le fait de" Freud lui-même et de la psychanalyse, par quoi le Moi réalise qu'il «n'est pas maître dans sa propre maison» et que la conscience ne lui fait point connaître tout ce qui se passe «dans les rouages psychiques».

Après Copernic et Darwin, à la pointe du mouvement de «recherche scientifique»: Freud a fixé la place que lui a assurée la «découverte de l'inconscient». Mais quelle est l'origine de cette découverte? Où s'enracine-t-elle? Répondre à cette question, ce n'est pas faire la préhistoire de la psychanalyse, mais plutôt l'histoire de la métaphysique occidentale, depuis Descartes. C'est un tel paradoxe que révèle l'Inconscient des modernes de Jean-Marie Vaysse. Un livre sur les rapports inavouables ou inavoués entre la psychanalyse et la philosophie, qui oblige les deux disciplines à «se regard