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Libération
Portrait

Iris Murdoch, en mémoire.

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L'écrivain anglo-irlandaise est morte de la maladie d'Alzheimer à 79 ans.
publié le 10 février 1999 à 23h41

Elle était la plus cérébrale des grands écrivains anglais de l'après-guerre, enchaînant un pavé après l'autre, puissante, inépuisable, mais, à la fin de sa vie, elle passait ses matinées devant les émissions de télévision pour enfants et ne se rappelait pas qu'elle avait écrit des livres. Dame Iris Murdoch ­ ce titre de «Dame» était une distinction reçue en 1987 ­ est morte d'un Alzheimer le 8 février à Oxford. Elle aurait eu 80 ans le 15 juillet. Fallait-il révéler qu'elle était en train de perdre la mémoire? La presse britannique en a débattu il y a juste deux ans lorsque le professeur John Bayley, le mari d'Iris Murdoch, a mis un nom sur l'incompréhensible blocage dont était victime sa femme et l'a rendu public. En 1995, quand est sortie son ultime fiction, Jackson's Dilemma (traduit prochainement aux éditions Gallimard), qu'elle avait eu du mal à terminer contrairement à ses habitudes, la romancière philosophe n'était déjà plus en état de comprendre les comptes rendus dont John Bayley lui faisait la lecture.

Philosophe, Iris Murdoch l'était de par sa formation. Elle a enseigné à Oxford de 1948 à 1963, puis aux Beaux-Arts jusqu'en 1967, après avoir été l'étudiante de Ludwig Wittgenstein. Un essai, Sartre, rationaliste romantique, est son premier livre, paru en 1953. Elle avait découvert l'existentialisme pendant la guerre, alors qu'elle travaillait pour les Nations unies, administrant des camps de réfugiés en Autriche et en Belgique. Par la suite, elle a publié trois autre