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Libération
Critique

Citoyen Habermas

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Toujours inscrite dans le débat public, et soucieuse de repenser les droits de l'homme, l'oeuvre du philosophe allemand dessine les contours d'un espace public cosmopolite.
publié le 11 février 1999 à 23h42

On ne sait jamais très bien quelle mouche pique les traducteurs de titres. Intituler l'Intégration républicaine le recueil d'articles de Jürgen Habermas qui s'appelle en allemand quelque chose comme l'Inclusion de l'autre revient à esquiver une difficulté de traduction tout en flattant l'éventuel chaland, même si le «républicanisme» du philosophe allemand n'a pas grand-chose de commun avec celui dont on entend psalmodier les patenôtres électoralistes de ce côté-ci du Rhin. En plaçant la tension entre appartenance et altérité au centre de sa «théorie politique», Habermas s'inscrit en effet d'emblée en faux contre le confort des synthèses en prêt-à-porter. Et le faux-sens induit par le titre français est d'autant plus regrettable que l'ensemble de l'effort de Habermas, à rebours de toute «apologie du peuple-nation», vise au contaire à «aborder les problèmes actuels du passage inévitable à des formes post-nationales de socialisation».

L'ensemble de contributions recueillies dans l'Intégration peut se regrouper selon deux pôles principaux: la forme générale de l'institution politique et les droits de l'homme. En intitulant le premier volet «l'Etat-nation a-t-il un avenir?», Habermas n'entend pas poser une question factuelle (comme tout le monde, il constate la survivance-érosion de la forme étatico-nationale) mais procéder à une évaluation critique. D'une manière récurrente, il reprend les positions «libérales» et «républicaines» (ou communitariennes) moins pour neutraliser leur