Historien de la philosophie hétérodoxe, Jacob Taubes a été à
Jérusalem dans les années 50, disciple et collaborateur de Gershom Scholem, le spécialiste de la Cabale et de la mystique juive. Au cours des années 20 et 30, celui-ci avait été l'ami de Walter Benjamin, lequel ne cachait pas alors son admiration pour Carl Schmitt, le plus grand penseur politique de ce siècle (par la suite et pour un temps antisémite et nazi notoire). En septem-bre 1979, déjà nonagénaire et tenant absolument à le rencontrer, Schmitt invite chez lui Taubes (devenu professeur d'herméneutique, d'histoire et de philosophie du judaïsme à l'université de Berlin) et, après une nuit de discussions orageuses autour de l'Epître aux Romains, le vieux catholique traditionaliste conjure son plus jeune interlocuteur (juif pratiquant) de ne pas mourir sans avoir publié son interprétation de Paul de Tarse. Le fil est long (et tordu) qui relie en passant par Benjamin Taubes et Schmitt à saint Paul et peut se ramener à un attrait commun pour le messianisme et la pensée apocalyptique. C'est donc tout naturellement que Taubes accepte de tenir un séminaire de quatre jours à Heidelberg sur le sujet. Prononcée en février 1987, cette conférence porte le titre de «Dernier délai. L'expérience apocalyptique du temps, jadis et aujourd'hui» et constitue l'essentiel de la Théologie politique de Paul, le premier livre traduit en français d'un penseur aussi admiré par ses pairs qu'il est encore méconnu du public.
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