«Qui est là?», demande d'emblée Philippe Roger, en présentant le numéro spécial que la revue Critique consacre à Claude Lévi-Strauss à l'occasion de ses 90 ans. «Un savant mais au sens de l'âge classique au moins autant qu'au sens de l'ère industrielle. Un voyageur mais qui "hait les voyages (premiers mots de Tristes Tropiques). Un liseur. Un observateur. Un rêveur. Un bâtisseur. Et un écrivain, lui-même multiple, dont on ne sait quel visage préférer: celui du pédagogue ou du chroniqueur, du polémiste ou du poète en prose.» D'où le portrait à plusieurs facettes qui est ici proposé du grand anthropologue et la riche diversité des contributeurs: Michel Deguy cherche la poésie cachée dans l'oeuvre, Jean Jamin compare les attitudes de Lévi-Strauss et de Michel Leiris devant l'opéra, François-Bernard Mâche détaille les rapports plus connus de Lévi-Strauss et de la musique, et notamment la relation entre pensée mythique et pensée musicale. Enfin, tandis que Pascal Quignard révèle comment une phrase du savant «La ressemblance n'existe pas en soi: elle n'est qu'un cas particulier de la différence, celui où la différence tend vers zéro» bouleversa sa façon de penser et «continue de la contraindre», Elisabeth Roudinesco montre comment Lévi-Strauss «s'est nourri toute sa vie de l'oeuvre freudienne», y compris pour la critiquer, et comment, en retour, c'est «grâce au système lévi-straussien» que Lacan a «réinterprété l'inconscient freudien comme le lieu d'une méditation symboliq
Critique
Lévi-Strauss, le vrai.
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publié le 11 février 1999 à 23h42
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