Menu
Libération
Critique

Lévi-Strauss, le vrai.

Article réservé aux abonnés
L'aura de l'auteur de «Tristes Tropiques» rayonne bien au-delà de l'ethnologie. A l'occasion de ses 90 ans, un hommage de la revue «Critique» à ce «philosophe-artiste» .
publié le 11 février 1999 à 23h42

«Qui est là?», demande d'emblée Philippe Roger, en présentant le numéro spécial que la revue Critique consacre à Claude Lévi-Strauss à l'occasion de ses 90 ans. «Un savant ­ mais au sens de l'âge classique au moins autant qu'au sens de l'ère industrielle. Un voyageur ­ mais qui "hait les voyages (premiers mots de Tristes Tropiques). Un liseur. Un observateur. Un rêveur. Un bâtisseur. Et un écrivain, lui-même multiple, dont on ne sait quel visage préférer: celui du pédagogue ou du chroniqueur, du polémiste ou du poète en prose.» D'où le portrait à plusieurs facettes qui est ici proposé du grand anthropologue et la riche diversité des contributeurs: Michel Deguy cherche la poésie cachée dans l'oeuvre, Jean Jamin compare les attitudes de Lévi-Strauss et de Michel Leiris devant l'opéra, François-Bernard Mâche détaille les rapports plus connus de Lévi-Strauss et de la musique, et notamment la relation entre pensée mythique et pensée musicale. Enfin, tandis que Pascal Quignard révèle comment une phrase du savant ­ «La ressemblance n'existe pas en soi: elle n'est qu'un cas particulier de la différence, celui où la différence tend vers zéro» ­ bouleversa sa façon de penser et «continue de la contraindre», Elisabeth Roudinesco montre comment Lévi-Strauss «s'est nourri toute sa vie de l'oeuvre freudienne», y compris pour la critiquer, et comment, en retour, c'est «grâce au système lévi-straussien» que Lacan a «réinterprété l'inconscient freudien comme le lieu d'une méditation symboliq