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Critique

Maître Burckhardt. Publication des cours de l'historien bâlois (1818-1897), ou l'«éloge du quotidien» des maîtres du Nord et des musées. Jakob Burckhardt. Leçons sur l'art occidental. Traduit de l'allemand par B. Kreiss, présentation de Philippe Lacoue Labarthe Editions Hazan, 160 pp., 150 F.

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publié le 11 février 1999 à 23h42

Burckhardt (1818-1897) n'est connu en France que par la traduction

de son maître livre Civilisation de la Renaissance en Italie, que Robert Klein avait révisée et préfacée en 1958 pour les éditions Plon. Le mot «civilisation» avait été substitué à celui de «Cultur» qu'avait choisi Burckhardt, et c'est une nuance de taille. Car pour l'historien bâlois, l'art et l'histoire sont liés au sein d'une société qui privilégie la transmission de ce savoir, l'enseignement du regard constituant l'un des fondements de la culture dont Burckhardt prétend écrire l'histoire (1). Les textes publiés ici n'ont guère d'autre cohérence que leur origine dans les cours tenus par le maître à Bâle entre 1874 et 1885. Si l'on met à part celui consacré à la Peinture et le Nouveau Testament (1885) qui est ennuyeux, les autres sont de véritables leçons, non pas tant de méthode que de choses. Le goût de Burckhardt se situe du côté de la norme classique, qu'il oppose aux développements de l'art moderne. Mais ce n'est pas le classicisme de Poussin, qui manifeste une trop grande «pauvreté dans l'expression naïve du sentiment», ni celui du siècle de Louis XIV, où l'art «bascule dans le pathos». C'est dans la peinture du Nord qu'il convient de chercher ce classicisme: tandis que Rembrandt s'entendra à «magnifier [l'éclairage] grâce à d'ingénieux dispositifs», il négligera la question du contenu, qui demeure à ses yeux secondaire; c'est Rubens le maître absolu, auquel il revient constamment. Aussi est-il impor