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Critique

Annexe à la vie d'Anne FrankA partir de documents et de témoignages, Carol Ann Lee reconstitue la vie de la famille Frank après le «Journal», à Bergen-Belsen et à Amsterdam. Carol Ann Lee. Anne Frank. Traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat et Denis Tierweiler. Robert Laffont, 364 pp., 139 F.

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publié le 18 février 1999 à 23h47

D'Anne Frank on ne connaît, finalement, que la mythologie. Cette

jeune fille devenue, malgré elle, le symbole mondial du génocide. On fait la queue dès le matin pour visiter à Amsterdam, au 263 Prinsengracht, la fameuse cachette derrière la bibliothèque (l'annexe des bureaux d'Otto Frank) où vécurent huit personnes (la famille Frank, le père, la mère, Anne et Margot, les Van Pels, leur fils Peter, et le dentiste Pfeffer), recluses pendant deux ans jusqu'à leur dénonciation, leur arrestation, leur déportation et leur mort. Le Journal d'Anne Frank est le document le plus lu dans le monde, après la Bible.

On croyait tout savoir de son histoire. C'est donc une surprise de découvrir une vie par-delà le mythe, grâce à une Anglaise de 28 ans qui s'est livrée à un méticuleux travail d'historienne pour reconstituer l'itinéraire de la famille Frank. Le Journal avait fait partager à ses millions de lecteurs l'expérience de ces huit personnes condamnées à vivre enfermées ensemble dans trois pièces ­ comme de nombreux juifs cachés à Amsterdam pendant la guerre, qui n'avaient pas tous le talent d'écrivain, l'intelligence et l'humour de cette fille de 13 ans ­, mais l'histoire se terminait laconiquement: Anne et sa soeur meurent du typhus à Bergen-Belsen, en 1945, le père, seul survivant, rentre à Amsterdam, trouve le journal d'Anne" Or la recherche très précise de Carol Ann Lee, à partir de documents, de témoignages, permet d'apprendre ce qui s'est passé après l'arrestation des occupants de