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Libération
Critique

En attendant Beckett. James Knowlson signe une copieuse biographie du créateur de Godot, qui fourmille de détails mais n'arrive pas à détortiller «les asticots de la compréhension». James Knowlson, Beckett, Biographie traduite de l'anglais par Oristelle Bonis, Solin-Actes Sud, 1 118 pp., 199 F.

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publié le 18 février 1999 à 23h47

Sept pages pleines de remerciements, 156 pages de notes et de

références, on sort des 1 118 pages du Beckett, une biographie signée James Knowlson, nourri d'informations jusqu'à la suffocation. Un travail de fourmi maniaque. Comme il se doit, l'auteur commence par l'arbre généalogique des Beckett («une famille d'émigrés huguenots qui a dû quitter la France au XVIIIe siècle»), puis, au long de cette somme besogneuse (plus épaisse que les oeuvres complètes de S.B.), ne nous épargne aucun bobo du grand Sam, traque ses amours de jeunesse (Ethna, Peggy, etc.) et celles de son âge mûr (Pamela, Barbara, etc., il a un doute pour Jacoba) alors qu'il vivait avec Suzanne, fait l'inventaire de ses lectures (Dante et les autres), de son rapport compliqué à Joyce, des nuits alcoolisées avec ses potes irlandais, de ses générosités discrètes quand les droits d'auteur le lui permettront.

La vie s'étale comme le beurre sur les tartines: inégalement. James Knowlson ne s'intéresse guère aux outils de l'écriture (rien sur les stylos), hormis quelques descriptions de cahiers, il ne pousse pas le filon de la tabagie jusqu'au bout (on sait les gauloises que sa compagne Suzanne lui envoie en Irlande dans du papier journal, les cigares Voltigeurs dont il partage le goût avec son ami le peintre Geer Van Velde, la suite est plus imprécise), mais on sait tout de sa passion pour les échecs (depuis ses parties avec Marcel Duchamp jusqu'à la liste complète des manuels de sa bibliothèque), des repas à son res