C'est évidemment par commodité thématique qu'on s'était d'abord
résolu à associer deux ouvrages, l'un sous-titré roman et l'autre biographie, pour ce qu'ils avaient de commun dans leurs intitulés: la grande figure de Jules Vallès, rédacteur en chef du Cri du peuple, la plus populaire des feuilles diffusées dans le Paris insurgé de la Commune. Un millier de pages plus loin, le Cri du peuple, de Jean Vautrin, et le Vallès, l'irrégulier, de Daniel Zimmermann, se découvrent complémentaires, voire l'un à l'autre nécessaires; peut-être pour donner sens à l'injonction prêtée par Vautrin à leur commun sujet: «Moins de statues! Plus d'hommes!»
On était entré dubitatif dans le pavé à barricade de l'éclectique Jean Vautrin (scénariste et metteur en scène, romancier noir et Goncourt 1989, entre autres); on en est sorti surpris et souriant, la pupille encore toute réjouie par son ambitieux pari. La défiance venait de cet air du temps qui se plaît assez à romancer l'Histoire en la mythifiant pour mieux anesthésier ses soubresauts le genre se vend bien, merci (1). Pas de ça chez Vautrin; tout au contraire, une double performance, dans la reconstitution de l'Histoire et la recréation d'un roman-feuilleton sollicitant toutes les figures emblématiques du genre pour les fondre dans le grand chaudron: du 18 mars au 28 mai 1871, écrasante unité de temps, depuis la tentative d'enlèvement par la troupe de Thiers des canons de la Garde nationale, à Montmartre, jusqu'aux ultimes et très sommaires ex