Menu
Libération
Critique

Hyper Lucot. D'inspiration autobiographique, «Probablement» est pour le poète une tentative de rendre compte de la complexité du réel. Hubert Lucot, Probablement, POL, 214 pp., 110 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 18 février 1999 à 23h47

Hubert Lucot est le dernier des fils des années 60 et n'a jamais

renié ce que Roland Barthes nommait «écriture». S'il vient de faire paraître Probablement chez POL, il écrit depuis plus de quarante-cinq ans. C'est en 1955, au cours d'une partie de flipper, qu'il rencontre Jean-Edern Hallier qui lui fait connaître le futur groupe de Tel Quel. Mais, comme il donne à la NRF un article plutôt réservé sur le Parc de Philippe Sollers, son passage à Tel Quel sera discret, et ses publications dans ces années-là plutôt rares. Insensiblement, il s'éloigne de l'avant-garde «idéologique», trouvant bientôt chez les poètes l'accueil que les prosateurs lui ont refusé. Michel Deguy, Emmanuel Hocquart, Jean Daive, Claude Royer-Journoud le publient dans leurs revues avant que, dans les années 80, POL ne le découvre et édite notamment Autotobiogre d'A.M. 75 (1980), Phanées les Nuées (1981), et, plus récemment, les Voleurs d'orgasmes, un «roman d'aventures policières, sexuelles, boursières et technologiques» (1998).

Il est à parier qu'Hubert Lucot intéressera bien plus les jeunes générations, celle des nouveaux médias et des hypertextes, que les anciens combattants de la textualité. Comme le Grand Incendie de Londres de Jacques Roubaud, les textes d'Hubert Lucot se déploient dans des espaces à plusieurs dimensions. Hubert Lucot ne ressent pas tant le vertige de la page blanche que ses limites. Aussi ressemble-t-il plus à un peintre qu'à un écrivain. Il a, depuis longtemps, installé son bureau en