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Libération
Critique

Sauce ThomasTrahisons à la pelle, cadavres comme s'il en pleuvait. Il faut avoir le coeur bien accroché pour bourlinguer dans l'univers de l'Américain mort à 69 ans en 1995. Ross Thomas. Traîtrise! Traduit de l'américain par Jean Pêcheux. Rivages Noir n° 317, 400 pp., 68 FVoodoo Ltd. Traduit de l'américain par Jean-Patrick Manchette, Rivages Noir n°318, 390 pp.,62 F

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publié le 25 février 1999 à 23h53

Mon premier s'appelle Edd avec deux d. C'est d'ailleurs pourquoi on

surnomme Edd Partain, 2 dés. Au début de Traîtrise!, Partain n'est qu'un employé dans une armurerie du Wyoming, au fin fond de nulle part. Ça ne va pas durer. Un sale type de l'armée américaine, plus précisément des services spéciaux, va raconter à sa patronne que Partain a fait des saloperies au Salvador quelques années plus tôt. Il va donc perdre son boulot.

A quarante et un ans, dans cette Amérique du début des années 90, retrouver du travail n'est pas facile. Heureusement Edd a des copains du côté de Washington. Des loosers comme lui. Mais qui ont le sens de la solidarité. Il y a Nick Patrokis, le Grec avec un anneau dans l'oreille que Partain a sauvé du suicide autrefois au Viêt-nam. Et surtout leur protecteur, le général Winfield, un galonné pas commun car démocrate de souche et ancien pourfendeur de la guerre du Viêt-nam. Winfield a créé une sorte de bureau de placement pour les rescapés des sales guerres. Cette association envoie Partain jouer les gorilles auprès de Millie Atford, une californienne à qui on a volé un million de dollars, que cette femme de soixante ans au caractère trempé a récolté pendant la campagne électorale de 1991 pour le candidat démocrate, celui qu'on n'appelle pas encore Bill «Come on the Dress» mais simplement l'homme de Little Rock.

L'association pour laquelle Edd Partain fait ce boulot, ce cercle créé par le général Winfield, s'appelle le Victims of Military Intelligence Tra