San Francisco, envoyée spéciale
Quatorze mille titres en tout, publiés au rythme d'un millier par an. Quelques dizaines de maisons d'édition gays. Et des centaines de collections spécialisées chez presque tous les éditeurs, des plus importants comme Random Press ou Penguin, aux plus spécialisés, comme les presses universitaires de Columbia ou de Chicago. Née il y a un peu plus de trente ans, dans le sillage du mouvement de libération homosexuelle, l'édition gay américaine est aujourd'hui une industrie qui se porte bien. Surfant sur la vague multiculturaliste (chaque minorité - sexuelle, ethnique ou culturelle - revendiquant sa culture, ses livres, ses auteurs), elle est depuis longtemps sortie du circuit alternatif des librairies militantes. Dans les chaînes de librairies comme Borders ou Barnes and Noble, chez les libraires en ligne comme Amazon.com ou Barnesandnoble.com, des départements entiers sont consacrés aux titres gays et lesbiens, et toutes les catégories de livres sont déclinées, comme dans un monde parallèle. «A Different Light», dans Castro Street, est la plus vieille librairie gay de San Francisco. Richard Labonté l'a ouverte en 1979. En se promenant dans les rayons, le visiteur peut se faire une bonne idée de l'édition gay, des essais féministes aux Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin, en passant par les guides de voyages et la BD. Dans la partie fiction de sa boutique, Richard Labonté a réuni tous les ouvrages qui ont «des auteurs ou des personna