Que font les mots lorsqu'ils sont mal entendus et redistribués tels des «habits qu'il faudrait mettre pour assurer la conformité de nos vies»? Ils se transforment en sortilège, emprisonnent la narratrice Nouk, et il lui faut bien toute son imagination et sa culture des fées pour abattre les murs invisibles qui se construisent dès qu'elle énonce une parole personnelle. Voir les jardins de Babylone, le sixième livre pour adultes de Geneviève Brisac, explore les ratés de la communication, avec une violence qui évoque la Cloche de détresse, l'unique roman de la poétesse américaine Sylvia Plath. Un monde trivial, pas si éloigné d'aujourd'hui: Paris au début des années 80, un compagnon, un bébé, le métier d'enseigner, des idéaux qui ne sont pas encore des vestiges, des amies. Aucune raison de désespérer, les balises de Nouk sont liantes, et devraient alimenter sa petite confiance dans l'humanité, si prête à fuir. Mais les faux mots, comme on dit faux pas, engloutissent les repères jusqu'à la rupture finale. Aucune raison de désespérer, mais dès les premières pages, le cortège de «Vilain Petit Canard syndrome», et autres inventions classificatrices, met un voile sur ce monde si bien conçu. Les mots mordent. Telle une jeune femme du dernier ouvrage de Françoise Giroud (1), la narratrice est recrutée en tant qu' «échantillon représentatif» pour une enquête sur la vie amoureuse des Françaises. Le livre qui s'écrira grâce à sa contribution et qu'elle jette sans l'ouvrir s'appelle les
Critique
Sixième roman de Geneviève Brisac
Article réservé aux abonnés
par Anne Diatkine
publié le 11 mars 1999 à 0h05
(mis à jour le 11 mars 1999 à 0h05)
Dans la même rubrique