En Grande-Bretagne, une loi sur les publications obscènes de juin 1960 fournit à une ancienne missionnaire au Congo belge l’idée saugrenue d’organiser l’autodafé de l’édition Penguin du roman de D.H. Lawrence l’Amant de lady Chatterley. Un déchaînement réactionnaire embrase alors le pays, soutenu par la presse à scandale - le Sun et le News of the World - qui ne cesse de fustiger les penchants d’un certain establishment pour les perversions sexuelles. C’est dans ce contexte chaud qu’Anthony Frewin - naguère assistant de Stanley Kubrick et historien du cinéma anglais - situe l’action de son premier roman, London Blues. Son héros, Tia Purdom, d’origine modeste, s’étiole en province, où il s’initie à la photographie. A Londres, il trouve un job dans un pub de Soho, épicentre - aux dires des journaux - de la dépravation montante. Tia ne reste pas longtemps indifférent aux propositions d’un malfrat italien de pourvoir à la demande croissante de clichés licencieux. De fil en aiguille, il est recruté par un certain Stephen Ward comme projectionniste lors de «séances» particulières organisées par ce personnage de la bonne société à son domicile de Wimpole News.
Le candide met ainsi le doigt dans l’engrenage infernal de ce que l’on appellera plus tard «L’Affaire Profumo», du nom du ministre de la Guerre impliqué dans le pire scandale de la première moitié du siècle outre-Manche...Tia Purdom tourne ensuite, au cours de l’année 1962, une série de films pornographiques cultes, d’abord s