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Libération
Critique

Une femme disparaît

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Fuyant la routine, une mère embarque sa fille vers la mer, métaphore d'un autre monde. Mêlant onirisme et métamorphose, «le Mal de mer» est le troisième roman de Marie Darrieussecq.
publié le 11 mars 1999 à 0h06

Si c'était du cinéma, on pourrait dire que le Mal de mer, le troisième roman de Marie Darrieussecq, est l'exact contrechamp du second, paru l'an dernier. Dans Naissance des fantômes, une femme perdait son mari, ou plutôt, celui-ci disparaissait et son absence provoquait chez son épouse un sentiment de vide allant jusqu'à d'inquiétantes hallucinations. Cette fois, la situation s'inverse. Une jeune femme, dont on ignore presque tout de la vie antérieure, décide de tout plaquer: sa mère, son mari, sa ville. Un jour, elle prend sa fille à la sortie de l'école et prend le large. Sa fuite la mène sur la côte basque, près de la frontière, là où a grandi Marie Darrieussecq. Alors que dans Naissance des fantômes, le roman était construit du point de vue de l'absence, le Mal de mer s'organise autour de celle qui a choisi de disparaître: même si sa mère et le détective engagé par son mari se lancent sur ses traces, c'est l'absente qui est au coeur du récit.

Mais la présence la plus forte est sans doute ici celle de la mer. La mer, lourde, opaque, envahissante, médusante. La mer, écroulant les falaises, les maisons, absorbant tout, les nageurs, les bruits, débordant sur les étoiles, faisant perdre les repères: «On ne sait pas où regarder, comment choisir: ce qui s'arrête, ce qui commence, le côté plein ou le côté vide; quel pan de la planète est en bordure de l'autre, l'effondrement bleu de la mer, ou les hauteurs meublées de la ville; si la côte a cédé contre les vagues, ou si les vague