Saint-Antoine-sur-Richelieu
envoyé spécial
«J'essaie d'écrire en rigolant. Je crois que le rôle de l'écrivain n'est pas d'emmerder ses contemporains, même si certains pensent différemment.» A 58 ans, François Barcelo a publié dix-huit livres dont un Guide de marche à pied dans Montréal. Cadavres a été, l'automne dernier, le premier roman d'un auteur québécois paru en Série noire. Le narrateur, assisté social en piteux état, et sa soeur, vedette dénudée d'une lamentable série télé, se débattent à la recherche du cadavre de leur mère dans un univers où les questions purement morales jouent un rôle secondaire. C'est comme une parodie de roman noir mais «une parodie mal faite», car les polars français n'intéressent pas trop François Barcelo. «C'est toujours la même chose: on parle argot, on fume, on baise, on boit, et on défend une cause de gauche. Je n'ai rien contre les causes de gauche, mais cinq fois sur cinq, c'est beaucoup.»
François Barcelo est né à Montréal en 1941 dans un milieu petit-bourgeois qui croyait à l'éducation. Il fut donc «un cancre d'élite» dans les meilleurs collèges. A 28 ans, il est vice-président («mais il y a deux cents vice-présidents») d'une énorme agence de publicité. «Mes enfants grandissaient, je ne voulais pas qu'ils aient honte de leur père. J'ai démissionné.» Il devient rédacteur à la pige, gagnant plus d'argent, tout en se consacrant aussi à une écriture moins éphémère, n'abandonnant entièrement la publicité qu'en 1988. Il s'installe dans un pet