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Libération
Interview

Multi-cuculturalisme

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Natif de Trinidad, arrivé au Canada il y a vingt-cinq ans, Neil Bissoondath s'attaque aux mythes bien-pensants d'une société pluriethnique.
publié le 18 mars 1999 à 0h11

Québec envoyé spécial

Né en 1955 à Trinidad, Neil Bissoondath, neveu de V. S. Naipaul, est arrivé au Canada à 18 ans et vit aujourd'hui à Québec. Nouvelliste et romancier (l'Innocence de l'âge et Retour à Casaquemada ont été traduits chez Phébus), il a publié en 1994 le Marché aux illusions, un essai sur «la méprise du culturalisme» que Boréal, après l'avoir refusé, a traduit (en coédition avec Liber) devant le scandale que le texte a provoqué. Neil Bissoondath s'y attaque au «politiquement correct» canadien et à ses catégories ethniques identitaires: à travers les turbans des sikhs et l'excision, on y retrouve des questions qui traversent aussi la société française. Condamner légèrement un musulman qui a violé sa belle-fille de 11 ans car il avait comme circonstance atténuante de l'avoir sodomisée, préservant sa virginité «qui semble être une valeur très importante dans leur religion», n'est-il pas, pour le moins, une étrangeté?

Etes-vous trinidadien? Canadien? Québécois? Ecrivain?

Je suis Neil Bissoondath. J'écris, donc je suis écrivain. J'habite au Canada, donc je suis canadien. Au Québec, donc je suis québécois. Toutes les étiquettes sont possibles mais ne donnent rien. Je suis né à Trinidad, mais je n'y suis pas allé depuis vingt-cinq ans, je ne suis pas trinidadien. Je vis en français et j'écris en anglais. La question qu'on me pose le plus souvent est si je vais écrire en français, mais ce n'est pas un défi qui m'intéresse, je trouve que c'est déjà assez difficile en an